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aspi-rant et autres boites
7 mai 2017

Il y a un peu plus de 10 ans

Il y a un peu plus de 10 ans, vers la troisième semaine de juillet, à l'approche des vacances, je me trouve bien fatiguée. Et cela me surprend parce qu'une semaine avant, je me faisais justement la réflexion que je n'étais pas si fatiguée que cela, pour une fin de période.

Je suis enceinte.

C'est comme si je roulais avec le frein à main à moitié serré.

Le père est ambivalent: oui il désirait un deuxième enfant, mais non il n'était pas certain de le souhaiter, et maintenant sûr de ne pas être prêt. Et la première grossesse est pour lui un mauvais souvenir. Il se révèle traumatisé.
Et puis un matin d'août, je me réveille et dis: "c'est un garçon, et il a un problème". Nouveau traumatisme.

Je ne vais pas refaire l'histoire de la relation de couple ici, mais la grossesse fut un calvaire: relation désastreuse jusqu'à une semaine avant la naissance, épuisement, isolement, dévalorisation. L'échographie confirme le garçon.

Pour la naissance, la roue semble avoir basculé: la relation se renoue, l'isolement s'efface, et la césarienne programmée se transforme en naissance par voie basse, selon mes espoirs. Le bébé est joufflu, en bonne santé. Il a déjà des cheveux.

Mais.

Mais il dort et ne tète pas. La piqûre au pied le réveille si peu qu'il dort de nouveau dès la porte franchie. L'engorgement est douloureux, complique l'allaitement de ce bébé qui s'éveille trop peu, que l'on tente de faire manger toutes les 1h30.

Au bout de trois semaines, il s'éveille, mange, est plus présent. On respire.

A 6 semaines, ce sont des vomissements en jet, qui font craindre un sténose du pylore, finalement écartée. Puis vers 10 semaines, peu après la varicelle de l'aînée, une poussée de fièvre, avec hurlements de douleur et refus de s'alimenter qui nous conduisent aux urgences. Aucun médecin ne se déplace, à fortiori un dimanche, pour un bébé de moins de 3 mois, madame, il faut aller aux urgences, on ne prend aucun risque.
Mais aux urgences, un bébé qui n'a plus de fièvre, pas d'infection urinaire, pas d'infection pulmonaire, pas de perturbation de la formule sanguine, c'est un bébé qui va bien. Rentrez chez vous, vous êtes trop inquiets.

Mais je SAIS, moi, je SENS, j'ENTENDS cet enfant qui hurle de douleur. Je peine à l'alimenter, même à la pipette. La pédiatre libérale confirme la nature douloureuse du cri, mais n'apporte pas de solutions ni d'autres recherches, dans la mesure où il se remet à manger. Manger... de façon compulsive, urgente, antalgique, brève, toutes les 2h, jour et nuit. Sans répit, sans longue période de sommeil, sans longue période de calme, avec un apaisement tout relatif. Seul le portage en écharpe apporte un réconfort qui dure... maximum deux heures!

"Vous êtes trop inquiète, c'est parce que votre grossesse a été difficile, c'est votre anxiété qui l'empêche de se calmer, un bébé ça pleure vous savez, c'est normal qu'il ne soit pas comme votre aînée, c'est un garçon vous savez, calmez-vous, dormez dès que le bébé dort, c'est parce que vous l'allaitez, c'est parce que vous vous occupez trop de lui, c'est parce que vous avez repris le travail, etc." Débrouillez-vous toute seule, de toute façon, vous êtes la mère, c'est de votre faute, c'est dans votre tête.

Pendant ce temps, dans le corps de ce nouveau-né, c'est la douleur. Et dans sa tête? Comment fait-on face, à quelques semaines, à la douleur?

Comment peut-on dire aux parents (à la mère) qu'un bébé "normal" est malade tout le temps alors qu'il n'est pas en collectivité et allaité? Qu'alterner pathologie ORL et digestive au point de ne pas prendre de poids, puis de cesser de grandir, c'est "banal"? Comment peut-on mettre autant de temps à remarquer ces signes? Moins de 3kg en 9 mois vie! Le bébé joufflu est bien loin!

 

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