Le début du mieux, on construit une boite

Cadet a donc 1 an. Il est maintenant déclaré allergique aux protéines de lait de vache (en fait, aussi au lait des autres animaux), et au gluten.

Nous rencontrons un nouveau pédiatre, qui prend enfin en compte son état général. L'anémie en particulier, et le reflux. Les traitements améliorent nettement mais progressivement la situation. C'est aussi lui qui, quelques années plus tard, prendra la décision d'enlever les amygdales. Un médecin attentif, capable de faire une prescription d'antibiotiques en disant "vous n'allez pas les chercher à la pharmacie, sauf si ça dure encore plus de tant de jours", qui ne veut pas voir les enfants avant 3-4 jours de fièvre, accepte que les enfants soient peu vaccinés, mais est doté d'un bon sens clinique.

Nous changeons aussi d'allergologue, pour aller vers quelqu'un qui entend vraiment les symptômes décrits, sans les minimiser, mais en analysant. Les allergies lait et gluten sont confirmées, elle nous donne des pistes alimentaires, cadre les choses. Nous tentons avec elle d'introduire des yaourts au lait de soja pour diversifier. C'est finalement un échec; qu'elle n'interprête pas comme une vraie allergie mais comme un phénomène secondaire. En effet, nous pourrons (quelques années plus tard), réintroduire le soja, ne serait-ce que les formes cachées (farine dans les pains, traces, etc.).

Cette première année de Cadet a été un enfer. Sur le plan physique pour lui, et pour nous. Il se réveille encore souvent plusieurs fois par nuit, est dificile à apaiser, a peu d'activités, ne joue qu'avec des voitures, et s'il tient bien assis, il est encore loin de se mettre debout.
Cet anniversaire, je n'ai pas eu envie de le fêter. Fêter quoi? Un an de galère? Un enfer émotionnel aussi. Pour lui certainement, quoiqu'il n'ait pas encore les mots pour le dire (les 1ers sont apparus vers 11 mois). Pour sa grande soeur aussi, avec les cris du bébé, des parents épuisés et moralement atteints. Atteints de voir l'enfant souffrir, de ne pas dormir, et de ne pas être entendus.

Avec ces nouveaux médecins, la donne commence à changer; ils tiennent compte de nos observations et de l'état réel de l'enfant. La famille élargie s'adapte plus ou moins bien aux contraintes alimentaires, et l'état général s'améliore doucement. L'été suivant, à 15 mois, il commence à se mettre debout. Il repère que cela suscite l'admiration des adultes, et se met parfois au centre d'un cercle pour être applaudit, tout chancelant et rayonnant.