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aspi-rant et autres boites
9 juin 2017

2ème pan! de boite

Cadet entre donc en CP.

La maîtresse est très chouette, très bienveillante et patiente. L'apprentissage de la lecture est laborieux, ce qui nous surprend car il avait commencé à associer consonne-voyelle en moyenne section. Et puis la vie en classe, c'est visiblement beaucoup d'effort, même s'il dit apprécier que la classe soit plus calme qu'en maternelle.

Il a une copine, une seule, qui est une petite voisine qu'il connaît depuis longtemps, et qui a aussi un panier repas. D'ailleurs, à la cantine, où il se débrouille maintenant tout seul, quand on lui demande pourquoi il un panier-repas, c'est elle qui répond!

La maîtresse, qui le cerne assez bien, et que je rencontre régulièrement, me dit en mars, triomphale, qu'elle a enfin obtenu un sourire!

Cela se passe donc finalement assez bien, mais. Il y a toujours ce "mais". Mais les relations avec les pairs sont difficiles (avec les adultes aussi d'ailleurs), ses centres d'intérêts ne sont pas très diversifiés (et encore, il est parfois un peu entraîné dans ceux de sa grande soeur), l'alimentation est encore souvent difficile, il est encore très résistant aux changements, à l'imprévu, au monde... On continue la prise en charge en psychomotricité, mais on change de psychomotricienne car celle qui le voyait s'en va. Elle passe le relais, mais bon, je ne suis pas totalement convaincue.

Et puis je continue de lire, de réfléchir. Et j'entends parler du syndrome d'Asperger. Et là, je tourne autour du pot un moment, parce que quand même, il s'agit d'autisme, et qu'on ne se pose pas ce genre de question si facilement. Mais pour moi, c'est assez vite clair: depuis l'épisode de la voiture sur le tapis chez les grands-parents, cela me trotte dans la tête. Le plus souvent à l'arrière-plan, dans un premier temps parce qu'il était plus urgent de s'occuper de son état physique, et dans un 2ème temps parce qu'il a parlé tôt, et que le reste a été attribué aux douleurs qu'il a eu bébé, et au retard pris à ce moment là. Et puis, comme la majorité des gens, pour moi, l'autisme était associé à une déficience intellectuelle, à un retard voire une absence de langage. Un enfant qui parle comme un livre à 2 ans, ça ne colle pas avec l'autisme. Mais tout de même, cet enfant est particulier: il ne sait pas rentrer en contact avec les autres, il ne s'intéresse que aux voitures, il est maladroit, il a des réactions incompréhensibles, et toujours, dans un coin de ma tête, cette impression qu'il y a quelque chose, qu'on n'a pas fait le tour.

Nous savons que la psychologue scolaire ne nous sera d'aucune aide: nous l'avons rencontrée en grande section et cela a été un fiasco: nous avons mis des semaines à obtenir une réponse. Elle était finalement venue l'observer en classe, et le trouvait bien. Du moins c'est ce qu'elle nous avait dit. Parce que finalement, sans nous en parler, elle était revenue le voir, et lui avait fait passer des morceaux de test de QI (WISPSI), contre notre avis clair et explicite (nous savions que nous en ferions passer un), mais seulement des morceaux, et surtout pas là où il pourrait être à l'aise (on ne sais jamais, cela aurait pu l'aider à prendre confiance en lui...), et, "vous savez qu'il a un problème?". A votre avis, pourquoi vous a-t-on sollicitée!!!

Alors je rappelle la psychologue en privée, celle qui a fait passer un WISC à aînée, puis à Cadet quand il a eu un peu plus de 6 ans. Je lui en parle, j'évoque mon doute, je veux en avoir le coeur net. Elle doute, mais me donne des coordonnées. Privées. Parce qu'aller dans un centre public, ce n'est pas pour tout de suite.

Cadet passe une batterie de test, je remplis des questionnaires dans la salle d'attente. Contre toute attente, il se montre très coopératif. En fait, j'ai souvent remarqué que cet enfant, confronté très tôt au soin, est le plus souvent coopératif. C'est celui qui prend le plus facilement des médicaments, et qui, sauf douleur, se laissera faire, surtout s'il comprend pourquoi on lui demande ceci ou cela. J'entends donc une partie des tests, et je sais déjà qu'il ne peut pas répondre à tout. Moi je coche: troubles sensoriels (les bruits, le toucher, les textures alimentaires), quelques stéréotypies (enfin, si on compte les activités stéréotypées, ça fait monter le score...), la résistance au changement, les intérêts restreints, les difficultés sociales... Je sais. A la fin du bilan, la psychologue me dit qu'elle va faire le compte-rendu détaillé. Je pose quand même la question: me suis-je trompée? Je savais.

Le résultat est à la fois net, sans être pour autant totalement massif. Cela représente bien son profil, avec sa formidable capacité à apprendre, à mémoriser. C'est ça qui va être un appui fondamental.

Nous sommes en juin, et le cabinet nous propose qu'il participe dès la rentrée à des groupes d'entraînement aux habiletés sociales, avec d'autres enfants de sa tranche d'âge, qui seront différents de lui bien sur, mais atteint de la même catégorie de trouble. Cette nouvelle prise en charge, avec la psychomotricité qui continue (nous changerons encore une fois, pour les mêmes raisons), permettra à Cadet de petit-à-petit aller vers les autres, et de se faire des copains. Les propositions faites par le cabinet pour la maison collent presque en tout point avec ce que nous, parents, avions mis en place de façon spontanée. L'environnement nous reprochait souvent de ne pas l'éduquer "correctement" (entendez "comme les autres"), mais c'est nous qui avions raison.

Nous ouvrons une nouvelle boite, celle de l'autisme, version syndrome d'Asperger.

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