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aspi-rant et autres boites
29 mai 2017

La graine du doute

Quelques temps avant la fin de sa 1ère année, je me souviens très bien d'un jour, un détail... Nous étions chez les grands-parents, et cadet était assis sur un tapis, à "jouer" avec une petite voiture. "Jouer", pas jouer simplement, parce qu'il me semble qu'il ne joue pas avec d'une façon classique. Il y a là quelque chose de répétitif, de "non fonctionnel", et, de plus, l'interaction avec sa grand-mère ou moi ne semble pas l'intéresser. Il est comme absorbé.

Je m'ouvre de cette réflexion à la grand-mère, qui a beaucoup travaillé avec les enfants. Parce que cela me fait penser à l'autisme. Clairement. Pour avoir travaillé avec quelques uns, autrefois. Mais il est bien petit, nous avons bien plus urgent vu son état à cette époque là, et si je sens que la grand-mère élude la question, préfère botter en touche, je laisse néanmoins filer.

Mais le doute est là.

A partir de l'amélioration de son état somatique, nous nous attelons à "l'éducation"; ce petit d'homme ne s'est jusque là pas développé comme les autres, et cela continue. Le langage apparaît très tôt, puisqu'il dit ses 1ers mots à 11 mois, et qu'à 2 ans, il fait des phrases complètes et complexes, "comme un adulte", avec une syntaxe correcte, conjugaison adaptée, prononciation impeccable et vocabulaire varié. Par contre, tout ce qui relève de la convention sociale est... inexistant. Il s'allonge par terre en criant quand il est contrarié, où que ce soit, par exemple. Et puis l'alimentation reste compliquée; nous mettrons très longtemps à obtenir la mastication. Encore aujourd'hui, il mastique le plus souvent bouche ouverte, malgré nos tentatives de lui faire obturer les lèvres; par contre, il ne mangera plus aucune purée... Il a fallu le nourrir nous-même pendant très longtemps.

Mais tous ces comportements (et d'autres), sont mis sur le retard pris la 1ère année.

Les douleurs qu'il a ressenties ont clairement eu un impact.

Tout de même, le temps passant, je suis inquiète. Quand il va au relais avec son assistante maternelle, il n'accepte de participer à aucune activité. Pendant longtemps. La propreté ne l'intéresse pas le moins du monde. Je vois arriver l'école avec anxiété. Et puis pour ses 3 ans, quelque chose se débloque: l'assistante maternelle me rapporte un jour qu'il a accepté d'aller toucher le riz dans la bassine. Je souffle de soulagement. Et pendant les vacances, nous parvenons à lui faire acquérir la propreté diurne, bien plus sous la contrainte que sa soeur, mais finalement cela se passe bien. Un défi inattendu fut de trouver des sous-vêtements assez petits!

Mais tout de même, je me tracasse.

Pourtant, la petite section de maternelle se passe bien, avec une enseignante vraiment bienveillante, et hyper vigilante sur les allergies. Elle facilitera même grandement son intégration à la cantine, malgré les réticences du directeur. Puis vient la moyenne section. Mais là... 2 maîtresses à mi-temps, aucune n'étant impliquée cette année là, et c'est la débandade. Je m'aperçois, au bout d'un long moment, qu'il va de plus en plus difficilement à l'école, et que cela se passe mal. Je rencontre la maîtresse titulaire en décembre. Elle me raconte que quand il ne parvient pas à mettre son manteau, il s'allonge dans le couloir, par terre, et qu'il hurle. Qu'il refuse souvent de faire les activités. Et que la suite de son parcours scolaire est incertain. Qu'en pense sa collègue? Elle n'en sait rien, pourquoi? Je suis abasourdie. Je demande un rendez-vous avec les 2 enseignantes, et, alors qu'elles ont un jour en commun dans l'école (car l'autre est aussi 1/4 de décharge du directeur), c'est moi qui met au point le rendez-vous. Quand je les rencontre, je suis stupéfaite de constater qu'elle n'ont absolument pas parlé entre elles ni de l'enfant (pourtant vu les comportements décrits, il y aurait de quoi!) ni même de cette mère qui prend 2 rendez-vous d'affilée et veut voir les 2 enseignantes. Je suis atterrée par leur manque d'investissement. Cela me permet de comprendre ce à quoi est confronté Cadet, mais les oblige aussi à changer leur regard. Les choses s'améliorent.

Du moins en surface. En grande section, la maîtresse est un dame fort expérimentée, mais qui aime toujours son métier. Je la vois plus régulièrement (j'ai compris, il faut les rencontrer!), et elle m'alerte elle aussi, mais avec une grande bienveillance. Elle s'interroge sur ce petit garçon, qui est maladroit, peut refuser catégoriquement certaines choses, peut-être totalement en décalage avec le groupe, mais qui par ailleurs compte très bien, connaît les lettres depuis longtemps, écoute avec attention et mémorise (il a été capable de se souvenir que la martre hiberne, le seul de la classe à se souvenir de cette information diffusée une seule fois en passant). Elle dit qu'elle voit bien qu'il y a quelque chose, mais quoi?

C'est à partir de cette année là qu'il démarre une prise en charge en psychomotricité. Nous lui faisons aussi passer un WISC, d'une part parce que sa soeur aînée en a passé un, et que vu leurs différences, pouvoir montrer ses points forts à lui aussi, c'est important, et d'autre part parce que cet enfant nous laisse perplexes. Le résultat est... hétérogène: 66 points d'écarts entre le point le plus haut et le plus bas! Nous entrouvrons une nouvelle boite: il est intelligent, mais...

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